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FONTAINE WALLACE : LE PROJET nouvel album

Retrouver le chanteur Nicolas Falez c’est comme le retour d’un frère imaginaire, plus âgé, qui aurait quitté la maison avant nous. Il resterait sa chambre, les posters aux murs, la platine vinyle, les disques pêle-mêle sur l’étagère et le souvenir de sa voix…

Jeune étudiant il fait des études de journalisme à Lille, a formé un groupe, Superflu, qui, en septembre 1998, a touché le cœur de beaucoup d’Inrockuptibles. Un album « Et puis après on verra bien » : douceur, émois des débuts de la vie d’adulte, toutes ces questions, l’amour et ses contradictions, les désillusions. Mélange d’espérance : « Puisque que tu laisses au vent le soin de m’apporter de tes nouvelles je laisse la fenêtre ouverte et j’attends… »…ou forme de constat avec le mini-tube  25 ans  » Regarde nous 25 ans ce n’est plus pareil déjà « . On retrouve le groupe en première partie de Mercury Rev, sortie de deux albums sur le label Le village vert qui abritait Autour de Lucie ( pour qui Nicolas Falez a écrit le texte « La chanson de l’arbre »), puis un dernier album La chance sur un label belge d’où s’évadent ces mots : « le vide est de retour »…prophétique.

Le groupe se sépare… naissance d’une autre formation : Tancarville. Puis Nicolas accepte une proposition de poste à Jérusalem avec la radio R.F.I de 2010 à 2013. Il part alors en famille. Circuler en Israël et sur le territoire palestinien. Le Proche et le Moyen-Orient ont toujours représenté pour lui une attirance très, très forte. Il connaît alors là-bas une forte stimulation intellectuelle même s’il dit avoir été submergé par l’injustice et la violence. Il a aussi le souvenir de plats, de paysages, de rencontres qui laissent des traces….« Plein les yeux, le cerveau, les oreilles. Période de ma vie où j’ai fait le moins de musique, parenthèse choisie, ensuite forcément j’avais énormément envie de replonger dans la musique». Il a eu aussi la chance de voir Minimal Compact en Live à domicile. « J’étais très amoureux de la chanson When I go chantée par la bassiste Malka, chanson présente dans le film de Wim Wenders, Les ailes du désir. »

Dès son retour en France avec deux des membres de Tancarville il aborde un nouveau projet Fontaine Wallace. Tout ça s’entend comme une suite logique puisque depuis ses 13 ans et sa première guitare électrique, il a toujours eu un groupe. Cécile Beguery à la basse, Ludovic Morillon à la batterie et Fabrice de Battista au clavier.

On s’étonne que sur les deux albums, quelques notes orientales ne se soient pas immiscées : « Je ne suis pas à l’abri qu’un jour, à travers une brèche surgisse une mélodie orientale… »

Deuxième album : Le projet.  « Le projet c’est que tout reste en désordre » chante-t-il comme pour conjurer la folie qui nous entoure actuellement. En désordre mais groupé, pas solitaire. Se retrouver à plusieurs autour d’une utopie : « Un groupe c’est toujours une utopie artistique et poétique. On essaye de s’épanouir dans cet espace, que l’on essaye de définir et qui se fracasse régulièrement à travers les obstacles, les censures, les frustrations et les attentes des uns et des autres…En tout cas toujours retenter cette aventure là… »

Avec son nouvel album Le projet il tente de faire sonner les mots différemment : « Je n’aime pas les textes sans surprise. J’essaye de mettre des mots incongrus comme drone ou selfie, de m’amuser avec les mots, les thèmes à chaussetrappecomme un jeu, un remède à l’ennui, à la lassitude. Sur les titres Le projet, La chanson d’amour cachée, Sous les radars, Prends soin de ton amour« Je ne choisis plus entre l’intime et le désordre du monde. Malgré tous ses obstacles et ses soubresauts, mon horizon ultime serait un certain apaisement. Mais je ne vis pas dans une bulle, il faut bien se résoudre à l’évidence du monde. » La question qui l’obsède et le leitmotiv de l’album est celui-ci : « Est ce que l’on se croit à l’abri dans ce que l’on a construit ? » 

Sur l’album un seul texte est co-signé avec le batteur Ludovic Morillon « Outre les mots ».

A cause du confinement l’album a connu une longue gestation. De juin 2019 à juin 2020 travail à distance et beaucoup d’envois par e-mail avant de retrouver le chemin des studios ensemble pour 15 jours.

Le titre de l’album Le projet s’est finalement imposé de lui-même, en partie à cause du travail graphique d’Émeric Guemas pour la pochette. Un vocabulaire visuel, politique, une silhouette, présence du télé-travail…et aussi un titre en résonance par rapport au contexte actuel : difficile en effet d’avoir un projet…

« On essaye de faire sonner le groupe différemment… » Mais pour autant pas de volte-face entre le premier album et ce nouvel opus. L’essentiel de cet album réside justement dans sa délicatesse, ces quelques pas de côté. Cette manière d’explorer encore davantage la déliquescence du temps qui passe, l’espoir de bras tendus à vous attendre… et l’explosion finale, intense de ces mots : « dans une autre vie tu m’aimerais plus, dans une autre vie je t’aimerais mieux… » (Outre les mots)

L’album est en prévente (dont un magnifique 33 tours tout blanc) ainsi que le CD et la version numérique sur le label Microculture ou sur le site Facebook du groupe ou directement en cliquant ici :

https://fr.ulule.com/le-projet-de-fontaine-wallace-en-prevente/?ul_campaign=presale_122909&ul_source=shared-from-Ulule-mail-project.comment.created-on—http.referer–&ul_medium=uluid_2861452-unknown-202103231625

SZAMANKA

Bonus : conseils littéraires pour cette fin de confinement…

Le 5 avril 2001 Nicolas Falez avait été invité pour une soirée littéraire par l’association Aude et ses livres. Son choix s’était porté sur les extraits suivants : Jean- Paul Sartre « La nausée« , Georges Perec « W ou le souvenir d’enfance« , Albert Cohen « Belle du seigneur« , Gabriel Garcia-Marquez « Cent ans de solitude« , Richard Brautigan « Tokyo Montana express« et Amos Oz « Les deux morts de ma grand-mère« .

Son dernier coup de coeur : Lake success de Gary Shteyngart.

À quarante-trois ans, Barry Cohen, New-Yorkais survolté à la tête d’un fonds spéculatif de 2,4 milliards de dollars est au bord du précipice. Sous le coup d’une enquête de la Commission boursière, accablé par la découverte de l’autisme de son jeune fils, il prend une décision aussi subite qu’inattendue et embarque dans un car Greyhound. Destination : le Nouveau-Mexique où demeure celle qui fut jadis son premier amour, et avec qui il imagine pouvoir refaire sa vie….

Sans se départir de son humour loufoque, Gary Shteyngart dresse le portrait d’une Amérique déboussolée, à la veille de l’élection de Donald Trump, et nous entraîne dans un road-trip qui tient plus des montagnes russes que du voyage d’agrément.