« Donc, voici l’hiver de notre déplaisir changé en glorieux été par ce soleil d’York. Voici tous les nuages qui pesaient sur notre maison ensevelis dans le sein profond de l’Océan. » Richard III – Shakespeare
Il y a parfois des petits miracles, ça dure le temps que ça dure, mais celui-ci a eu lieu. Ce n’est pas une illusion, cela est apparu devant nous, nous étions témoins et nous pouvons l’attester dans le ciel constellé de la pop music : Definitely maybe (août 1994) est un Fucking miracle (comme pourrait dire Liam Gallagher). Alléluia !!! Mais ce miracle a créé un monstre à deux têtes et l’a précipité dans le chaos.
Pour comprendre cet avènement, Benjamin Durand et Nico Prat relatent l’événement sobrement intitulé : Oasis ou la revanche des ploucs, comme une boutade pour résumer le projet à leur éditeur qui dira : « Banco! voilà le titre! « .
Dans ce récit Shakespeare n’est pas loin, suivi de très près par la tragédie grecque, talonné par la bible où apparaissent Abel et Caïn…
En 1996, plus précisément en août, un cinquième de la population anglaise est à la recherche d’un fucking ticket (comme aurait dit Liam Gallagher) pour les 10 et 11 août 1996 à Knebworth. Concert mythique où Oasis a mis le monde à ses pieds en deux ans. Benjamin Durand peut dire : j’y étais.
Plus tard les deux auteurs le temps d’un week-end, iront où tout a commencé : Manchester et monterons dans un bus jaune.
C’est le batteur Graig Gill des Inspiral carpets (dont Noel était roadie) qui a initié dans la ville des tours operator des lieux mythiques pour les fans des Smiths, Oasis, Joy division…
Le temps d’un week-end aller voir où vivait la classe ouvrière, là où tout est né, la résistance, l’agitation. le duo s’est constitué historien et archiviste pour plonger dans une accumulation de coupures de journaux, d’articles, de documentaires inédits passés à la BBC…
Bien évidemment il y a déjà pléthore de livres sur Oasis, mais la force de celui-ci est d’avoir fait apparaître le Tchaterisme qui va laminer la classe ouvrière, les sans grades, créer des inégalités, des frustrations par un mépris et une morgue assumés : « There is no alternative!«
L’hiver du mécontentement (Winter of discontent), 1978-1979, avec ses grandes grèves verra l’avènement du Parti conservateur de Margaret Thatcher remporter les élections générales de 1979 et mettre en place une législation pour affaiblir les syndicats.
La classe populaire qui s’est couchée devant Thatcher est revenu bien des années plus tard triomphante avec Oasis et l’arrivée de Tony Blair. Bon après ce sera la gueule de bois mais ça c’est une autre histoire…
C’est donc dans un contexte national, social, familial délicat qu’une fratrie de trois frères avec la présence d’un père violent éclot. Mais aussi le courage d’une femme et d’une mère pour quitter son mari. Liam sera le seul enfant à ne pas avoir été frappé par cet homme. Cette même mère courage qui ne voudra pas quitter son quartier, sa maison quand les dollars et les livres sterling couleront à flot.
Liam va passer de statut de glandeur professionnel à superstar (en ayant bien observé le jeu de scène de Ian Brown de The Stone Roses) alors que Noel lui été confronté très jeune à une réalité professionnelle : travail en usine, roadie. Il a lui aussi bien observé Les Stones Roses pour surtout ne pas reproduire ce qu’ils faisaient afin de durer longtemps. Noel sera surtout l’employeur de Liam en écrivant, composant pratiquement tous les titres d’Oasis, et parfois s’improvisant chanteur…
Le 28 août 2009 lors du festival Rock en Seine, une heure avant le début du concert d’Oasis, le directeur du festival (qui était pourtant venu les saluer dans les loges 1h30 auparavant), dépité, laisse tomber la nouvelle sur les écrans géants peu après 22h… Benjamin Durand et Nico Prat sont dans le public, ils sont pétrifiés et abasourdis.
Noel a fracassé sa guitare, il est parti. Oasis game over. Puisque tout est fini il paraît tout à fait nécessaire de rembobiner la cassette au début, même avant leur naissance, pour repartir de plus belle grâce à Benjamin Durand et Nico Prat dans Oasis ou la revanche des ploucs, une fucking story (comme aurait dit Liam Gallagher).
SZAMANKA