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STRAWBERRY SEAS

Depuis le confinement vous êtes dans un entre deux. Dans un drôle d’état.

Un état de somnolence…

Allez vous rester à jamais dans les bras de la nuit ?

Live / Le bateau ivre / Tours 25-9-2021

Vous avez une mélodie dans la tête, vous avez le souvenir dans une gare de quelqu’un qui vous regardait partir, vous ressentez des émotions étranges. Une sorte de mélancolie, dans cet automne qui plait tant au cinéaste Xavier Dolan et qui emmerde toujours son équipe, parce que les jours sont plus courts, moins d’heures pour tourner, plus de précipitations, mais lui désire cette lumière si particulière. 

C’est aussi ça la couleur de votre regard sur les jours qui passent. Depuis longtemps certainement. Des années. Depuis le jour où Black Francis à disloqué les Pixies (même reformé sans Kim Deal, ce n’est plus qu’un ersatz des Pixies), depuis une nuit où Morrissey s’est séparé de Johnny Marr, depuis ce fameux après-midi où vous étiez seul sur le quai d’une gare. 

Cet entre deux, cet espace temps propre à Bill Murray dans Un jour sans fin. Peut être que le seul moyen d’apaiser ce vague à l’âme se trouve dans une région de France. A Tours plus précisément. Puisque c’est de ce lieu que distille le groupe Strawberry seas, sa pop en clair obscur, alternant des vagues de teintes douces et des élans qui vous emportent comme une bourrasque. 

L’album porte le même nom que le groupe. Ils sont cinq. La langue anglaise accompagne la musique. Ils bâtissent une pop pure, sur les vestiges des Smiths, des Pale Fontains (avec le titre Someday) mais aussi de ce qu’a pu léguer le groupe Gamine ou The Little Rabbits. Ils réinventent. 

Le morceau Trampoline ouvre le bal, annonce le voyage et la voix de Raphaël nous guide. Teenage freak, le deuxième single de l’album voit réunir tout le groupe dans un clip ludique avec son personnage central phénoménal.

L’album est produit par Antoine Chaperon, par ailleurs guitariste dans le groupe. Il envoie le groupe sur orbite avec le puissant Satellites, et il ne faudra pas vous étonner si dans quelques années, lors d’un voyage intersidéral, parce que les humains auront dévastés la planète bleue, il faudra s’exiler au loin, et dans la salle d’embarquement résonnera cette chanson qui deviendra un hymne.

Le clavier est tenu par Carine et sa voix de nymphe dans les choeurs comme sur Sunny lane.

Les titres Bison grass et Space in time convoquent le souvenir de Cocteau Twins, soutenue par le jeu de batterie soyeux de Romain. Mais c’est le titre Anyone qui vous emporte définitivement, basse lancinante de Clément

On peut remercier le label December Square d’accompagner ce groupe, lui qui quelques mois auparavant faisait apparaître de son chapeau de magicien la beauté hypnotique avec Run, Run, Run de Emilie Loizeau.

Le visuel aussi est une parure délicate et poétique réalisé par l’artiste Japonais Usure Okada.

Cet entre deux vous comblera, cet état décalé, saudade incompréhensible, atteindra profondément ce qui vous manquait le plus dans votre vie : vous sentir en vie. Strawberry seas est fait pour vous.

P-S 1 : Le groupe va participer à un projet autour de Leonard Cohen et on a hâte de découvrir la reprise.

P-S 2 : Le groupe a désormais des badges, plus rien ne peut l’arrêter pour conquérir le monde !

SZAMANKA