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« EN CAS » DE RECONFINEMENT (4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 … COMME DIRAIT OLIVIER VERAN).

PETIT INVENTAIRE DES OFFRES NUMERIQUES CINEMA NEES OU AYANT PRIS LEUR ENVOL DEPUIS MARS 2020…

DES SERVICES PARFOIS DIRECTEMENT ASSOCIES AU SECTEUR DE L’EXPLOITATION EN SALLES.

Sur la première fermeture des salles de cinéma, La Toile et La 25ème heure se sont très rapidement imposées avec une proposition commune pour les exploitants sur tout le territoire : des « séances à domicile », par simple géolocalisation sur un périmètre donné autour des cinémas participants. Inscrits parfois même sur ces deux sites, les salles restent alors prescriptives de leurs choix : films inédits ou en instance de sorties, reprises d’ancienstitres ardemment défendus, ou encore séances Jeunes Publics…

Si La Toile fut créée par Joséphine Létang en 2017, Pierre-Emmanuel le Goff lança au départ La 25ème Heure pour organiser dans les salles Art et Essai des projections (débats) à distance du documentaire Les Grands Voisins, la cité rêvée de Bastien Simon : produit par la société de production de Le Goff, le film devait sortir initialement sur les écrans le 1er avril 2020…Diffusé très discrètement en salles lors de la réouverture de l’été dernier, ce doc d’une grande qualité est devenu à l’inverse une sorte de « hit » : en étant (multi)diffusé sur une grande partie du territoire sur un nombre incalculable de séance géolocalisées. L’engouement suscité par ce (nouveau) mode de projection sur un seul titre, n’est sans doute pas étranger par la suite à la mise à disposition élargie de La 25ème heure , en tant que plateforme : à tous les distributeurs et exploitants qui désiraient réitérer l’expérience, en projetant d’autres films de la même manière.

Ces deux organismes permirent donc aux cinémas de conserver un lien durable avec leurpublic durant les deux fermetures qu’ils ont eu à subir, tout en les rétribuant partiellement.
La Toile tout comme La 25ème Heure ont d’ailleurs décidé de faire perdurer leur offre, une fois les salles rouvertes : compte tenu déjà d’une demande qui a explosé sur lesconfinements… mais aussi parce qu’un grand nombre de festivals ont basculé en ligne depuisl’an dernier, en collaboration avec ces deux services de cinéma à domicile.

Puisqu’on en est à parler festivals, citons enfin une autre initiative, pour les salles qui ont toujours défendues le format court avant le « grand film » : avec l’Agence du court-métrage et Bref (la revue comme le site), Extra-court allait proposer à ses salles amies et fondues du genre de continuer à défendre ce format, en proposant des courts à domicile pour égayer un peu nos vies (re)confinées ! Extra-court n’est pas né par contre sur les confinements : ce dispositif est le digne successeur depuis 2017 du RADI, lequel proposait déjà des courts en avant-programme aux exploitants fans du format.

CONSOLIDATION D’OFFRES DEJA PRESENTES SUR LE MARCHE ET ENTREE DE NOMBREUX NOUVEAUX ACTEURS

Des trois confinements que nous avons pu connaître jusqu’à maintenant, les plateformes hégémoniques déjà existantes ou naissantes – NetflixDisney + and Co – ont su tirer amplement tout le parti souhaité.

D’autres services de SVOD ont dans le même temps consolidé leur très bonne réputation, à l’image d’Univers Ciné, La CinetekMubi – très souvent louée pour son offre – où encoreTënk, la petite sœur de cette dernière en matière de documentaire.

Le Vidéo-Club de l’éditeur Carlotta, lancé fin mars 2020 est l’un des tous nouveaux services qui s’est particulièrement distingué sur les périodes forcées de cinéma à la maison que nousavons connues depuis plus d’un an : guère le fruit du hasard si l’on suit de près depuis des années sa politique d’éditions en matière de DVD souvent collectors, comme de reprises en salles restaurées…

L’INA allait régaler, toujours le même mois de mars 2020, tous les nostalgiques avec Madelen et la mise à disposition de son patrimoine : un peu comme si cette vénérableinstitution avait senti que le ciel allait nous tomber sur la tête, et que l’on allait avoir besoin d’un peu de réconfort…

Côté TV, outre Arte qui a su tirer son épingle du jeu avec sa plateforme Arte.tv, nos chaînes historiques (TF1, France Télévisions et M6) lançaient Salto, une semaine avant le reconfinement de fin octobre 2020.

MK2, qui a fort bien su redéployer ses activités dans l’attente d’une potentielle réouverture des salles de son circuit, a lancé sa propre offre numérique, avec MK2 Curiosity, fin novembre 2020. Et le 18 mars 2021, Le cinéma des cinéastes appartenant à l’ARP s’est associé à Filmo TV, afin de remettre en lumière des œuvres parfois oubliées, réalisées par certains de ses membres.

Sinon, la Société Shellac n’aura pas attendu l’aval du CNC ou du gouvernement pour sortir en ligne un documentaire de Richard Copans sur Fernand Deligny: Monsieur Deligny, vagabond efficace devait initialement sortir sur les écrans avec six autres docs le 18 mars…2020 ! Si cette date ne vous rappelle vraiment rien, c’est que vous aviez opté pour un mode devie confiné avant qu’il ne soit imposé à tous ! Suite à ce premier essai, Shellac a en toute logique lancé le 15 janvier dernier Club Shellac : une plateforme parmi les plus intéressantes qui soient, où la rareté des propositions souvent inédites, leur qualité, primerait sur la quantité…

Réactivité face à une situation inédite jamais connue jusqu’alors – 300 jours de fermetures cumulés pour les salles de cinéma – associée à une réflexion sur une offre parallèle à proposer depuis ses propres collections : outre Shellac, c’est ce qu’allait offrir gratuitement la Cinémathèque Française, moins d’un mois après le début cette fois du premier confinement, et pas seulement à son propre public, en lançant le 10 avril 2020 Henri, sa propre plateforme ! L’on reviendra sous peu précisément sur cette initiative, laquelle a mis en ligne depuis parfois plus d’un an de purs joyaux issus de ses collections, souvent libres de droits ou tombés dans le domaine public…

Enfin, on ne peut refermer cette présentation très succincte de quelques nouveaux entrants en matière de plateformes dédiées au cinéma, sans vous révéler une information des plus capitales : il semblerait qu’un site prénommé « Just Watch » né à Berlin en 2014, se serait mis en tête de répertorier tous les films disponibles sur ces nouveaux canaux de diffusion et surtout, où les trouver ! ! ! Bref, une véritable caverne d’Ali-Baba – ou d’Henri Langlois, comme on voudra – qui vous fera basculer tantôt vers Shadows (plateforme très réputée pour les films d’horreurs, qui a poussé ses premiers cris, ça ne s’invente pas, le vendredi 13 mars2020 ! ), ou pencher vers Wakanim (répertoire d’Anime Japonaise depuis 2009 ) : à moins que vous ne jetiez votre dévolu, en fonction de vos recherches, sur Horsciné – une des « petites dernières », qui plus est gratuite – et ses « films libres en libre-accès » depuis le 4 novembre dernier !

ET EN MEME TEMPS – QUE PERSONNE NE SE SENTE VISÉ, HEIN – VIVE LE CINEMA… SUR GRAND ECRAN !

On pourra raisonnablement se demander si cette offre de plus en plus pléthorique de programmes ciné à domicile, à laquelle on vient juste d’offrir une belle page de publicité, nous laissera encore un peu de temps pour retourner en salles à partir du 19 mai…

N’en déplaise au PDG de Netflix, pensant surtout à ses actions boursières lorsqu’il prophétise la fin du cinéma en salles « à laquelle il ne faut surtout pas s’opposer », une étude récente tendrait à prouver justement le contraire : tout comme l’appétit vient en mangeant, plus on consommerait de cinoche à la maison, y compris en multi-abonnements, plus la demande de cinéma en salles se ferait dans le même temps douloureusement ressentir ! Sur ce point, la déception de nombreux fans de films de monstres, suite à la décision prise par Warner de sortir directement dans nos contrées Godzilla versus Kong en VOD sur un grand nombre de plateformes, pourra bien servir d’indicateur : le studio américain n’étant désormais plus tout àfait contre une sortie salles dans un second temps, dès le feu vert de leur réouverture enclenché…

Après donc tous les efforts qu’aura bien voulu fournir notre chère intendance pour enterrer le 7ème Art – ou à tout le moins, affaiblir par incompétence ou méconnaissance complète la totalité de sa filière – à grandes lampées de « Je veux bien t’aider (un peu), mais surtout, tais- toi ! », il ne faudrait surtout pas que le cinéma revienne pointer lui aussi au rang des drogues dures : puisqu’une nouvelle guerre (encore une : décidément, la novlangue s’appauvrit et s’essouffle ces temps derniers) aurait été déclarée tout récemment : afin de battre (la) campagne sur fonds nuageux sécuritaire, à des formes pourtant bien anciennes d’addictions, soudainement « remises en avant » pour les combattre au plus haut sommet de l’Etat. Et arrivé enfin au terme de ces deux longues phrases conclusives, c’est à mon tour de reprendre mon souffle, tel Olivier Véran…