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TITOUAN MASSE – TIMIDE INTIMITE

Luis VasquezThe Soft Moon. « Je me souviens, c’était au Festival Levitation en 2018. Il était très gentil. On a pas beaucoup parlé. On a surtout pu passer du temps à l’écart. La séance s’est déroulé les yeux dans les yeux. Peu de mots. On s’est tout de suite compris.« 

Thee Oh Sees au Albert Hall de Manchester

A l’origine c’est l’histoire d’un garçon lunaire, replié dans le silence, suite à une disparition, un vide qui s’immisce dans son univers familial. Il faudra du temps et la guérison passera par un lieu culturel. Une médiathèque à Trégueux. L’adolescent y traînera souvent et y empruntera des disques. Parfois suite à ses lectures dans Rock & folk, des discutions avec les copains où l’inspiration sur une pochette. Le visuel donc. Et le son : Interpol, The kills… et puis des classiques : Led Zep, Iggy pop

Titouan MasséAutoportrait

Solitaire et timide, il n’ose pas parler aux gens. Pas à l’aise dans sa peau. Il observe. La délivrance viendra avec un appareil photo. Tout d’abord, un petit Minolta trouvé dans le tiroir des serviettes et des torchons… Pourquoi là ? mystère…

Sa mère lui achète aussi des appareils photos jetables. Notamment pour partir en Alsace, en classe verte. Dernièrement, il est retombé sur cet album photo  » j’ai retrouvé la teinte des photos de l’époque, un certain style d’images, photos de familles, photos de vie... »

Il a 23 ans et sa vie va bientôt changer. il achète une guitare en 2009 mais l’alchimie n’opère pas. Six mois plus tard nouvel achat pour un appareil photo et c’est la confirmation de quelque chose. Surtout pour quelqu’un qui ressent un cruel besoin de s’exprimer. Et la photographie va le pousser dans le monde, l’aider à sortir de sa timidité. Il ose lors de soirée avec les copains sortir son appareil, il fixera aussi la fin du squat Le wagon, haut lieu du punk, vie communautaire et culture alternative, basé à St Brieuc de 1997 à 2004. « Je suis hyper observateur« , se méfie mais se surprend désormais à affronter la masse, le public.

Il est autodidacte. Le cinéma jouera un rôle très important. « Quand je regarde un film je m’intéresse parfois plus au cadrage qu’à l’histoire… ». Il a été très impressionné par Drive « j’avais halluciné, l’usage de la lumière, certains ralentis… ». et  pour Matrix il y va deux fois. « J’y étais allé en bus, quand je suis rentré, de l’arrêt jusqu’à chez moi à pieds, j’étais en état de choc, ça m’a vraiment marqué visuellement. » Il y a aussi le cinéma de Quentin Tarantino, »il y a une une liberté, une intensité, zéro interdit », une fureur qu’il retrouvera dans certains concerts.

Cocaine Piss à la Sirène de la Rochelle.

Il apprend aussi en regardant le travail des autres dans Libération, les magazines Télérama, Matthieu Zazzo dans VoxPop, pour comprendre.

Il se sent très proche du photographe Jamie Wdziekonski qui utilise quasiment que le flash, et vient du punk hardcore, tout comme Lucian Perkins où la galerie Agnés B avait proposé une exposition sur la scène punk de Washington en 2015. 

« En concert j’aime rendre compte de l’ambiance, la furie, les spectateurs en transes, extasiésmais de plus en plus plus j’aime les portraits. » Et dans ce domaine, il adore le travail de Richard Dumas. « Pour moi le portrait c’est une manière de me démarquer, j’aime l’intimité du moment, décrire l’intention que j’ai, visualiser l’image avant de la faire. Etre dans une bulle, prendre le temps. Je suis quelqu’un de doux et tranquille, généralement on se souvient de moi pour ça. »

J.C Satan au festival Gigors Electrique.

Et puis au fur et à mesure du temps qui passe, il y a des amitiés, une réelle reconnaissance de son travail. Le groupe Thee Oh Sees, qu’il suivra en tournée, lui achète des photos dont une que l’on peut retrouver dans la pochette de A foul form. « Ce que j’aime désormais, c’est rencontrer des gens, figer un moment. Je me vois plus comme quelqu’un qui documente un milieu, une époque. Rendre compte réellement de qui je peux être, au travers de mes photos, et mapercevoir que les gens me comprennent mieux, ça a été bénéfique pour moi.​« 

Son travail est désormais reconnu. Photographe officiel de La route du rock depuis 2021 , il exposait (après Richard Dumas en 2022) « Instants » à la Tour Bidouane une trentaine de photos, à Saint Malo. Exposition que l’on peut retrouver après La rochelle et Biarritz, à l’Aéronef de Lille jusqu’au 8 avril 2024.

P-S: Ce portrait sensible est tout d’abord dédié à la mémoire de Luis Vasquez de The Soft Moon, et à mon ami Stéphane Perraux sans qui ce site n’aurait jamais vu le jour.

SZAMANKA-Fabien heck


Son premier portrait : Courtney Barnett