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Zaï Zaï Zaï Zaï – Collectif Jamais Trop d’art

de Gauche à droite : Vanessa Grellier, Philippe Devaud, Sébastien Dégoulet, Karl Bréhéret, Emilie Bedin

Tout commence dans une ville. Quelque part en France. Plus précisément dans le Maine et Loire. C’est le matin, au petit déjeuner. Olivier (Blouin) metteur en scène de son état, tend à Philippe (devaud) comédien et musicien de son état, une bande dessinée, qui n’a pas le format habituel. Une couverture souple loin des exemplaires de Tintin. Auparavant cette même bd, un cadeau, avait été offerte à Olivier par l’homme qui a créé des gradins en bois pour le Collectif jamais trop d’art.

C’est une bd que l’on offre, que l’on tend, que l’on se passe de main en main. Et comme toujours celui qui lit prend feu. Dans la tête c’est un feu d’artifice. Situation surréaliste, Joie, colère, frustration, sentiment d’abandon, fuite…absurdité et honneur…

Pitch de l’histoire : Un homme Fab réalise à la caisse du supermarché qu’il n’a pas sa carte du magasin. La caissière appelle le vigile. L’homme s’enfuit. La police le traque. Les politiques, les journaux, les piliers de bar s’emparent de l’affaire. Et si cet homme, qui se balade sans sa carte du magasin, était une menace pour la société ? Une course poursuite absurde s’engage.

C’est dans une ville à mouchoirs, à brioches, à basketteurs à Cholet donc que le projet d’adapter cette BD au théâtre/Art de rues est né. Et comme la vie est d’une facilité déconcertante, Philippe contacte Fab caro en 2017 par messenger qui répond positivement à ce projet dans la journée. Inimaginable désormais tant Fab Caro est désormais un artiste reconnu et adulé. Construire une équipe de quatre comédiens, aller au plateau et s’amusez avec ça.

Le premier travail, coucher le texte, qui est un chausse trappe. Rester linéaire ça marchait pas. Il faudra séquencer comme au cinéma. Philippe « Rapidement le club formé à quatre ne fonctionnait pas » . Un cinquième membre intègre la Compagnie : Doggy alias Séb (Sébastien Dégoulet) Emilie (Bedin) : « On a essayé des changements de costumes, d’accessoires, on s’emcombrait de choses pour rien…On est arrivé à une forme épuré. On a aussi travaillé avec un chorégraphe, pour le corps, les placements, l’énergie, Yvann Alexandre. On avait l’ossature, des rythmes, le cadre il manquait quelque chose qui vibrait et Michaël Egard nous a aidé pour la recherches sur les personnages et trouvé un axe dramturgique, il manquait une tension dramatique« 

Le collectif Jamais trop d’art approche de la trentaine d’existence. Il n’y avait, rien il y avait tout a créer. Pas beaucoup de support administratif pour les groupes de musique, manque de structure d’accompagnement pour les projets, pour faire vivre des évènement. Regrouper des compétences artistiques dans la musique, la danse, le graphisme, des chorégraphes…

L’équipe actuelle pour ce projet, avec Emilie :  » à l’origine j’ai fait des études de cinéma, puis camerawoman pour la chaîne télé MCM, mais à force de voir des spectacles j’ai eu un déclic , je voulais être dedans.« 

Phil lui depuis son enfance joue. Il est tombé dans la marmite seul. Il passait tout son temps dans le grenier qui deviendra sa chambre. « Mon oncle m’a fait un théâtre… A sept ans je m’imaginais tout un monde. dés que j’étais assis sur une chaise, un objet en forme de volant dans les mains et voilà c’était mon camion, je partais en tournée, j’arrivais dans un lieu, je déchargeais ma batterie la Redoute, des fils ressemblaient à des câbles, je jouais deux minutes et je rangeais tout et je repartais…voyage imaginaire« 

Vanessa « j’habitais dans le quartier Bonnevay à Cholet, et j’allais à la maison de l’enfance, un animateur nous a demandé qui voulait faire du cirque ? Huit heures de cirque par semaine à l’adolescence, puis des festivals, puis des concours et je devenu professeur de cirque. »

Karl, « c’est un instituteur qui nous faisait faire du théâtre au primaire. On écrivait m^me parfois des textes . A l’adolescence une dame qui vendait des produits d’entretiens, est venu chez mes parents. Elle m’a demandé ce que j’aimais! Je lui parle de ma passion, elle dit ça tombe bien, je vais animer un atelier théâtre dans une MJC. »

Seb « plus jeune j’avais du mal à trouver ma place, les profs s’en plaignaient, je crois que je faisais déjà du théâtre sans le savoir. J’ai d’abord fait de la basse dans un groupe de rock, puis des concerts, puis joué de la musique dans un spectacle. On allait voir aussi la compagnie Joe Bithume à Angers. Je me suis alors formé, fait des stages.« 

Le metteur en scène Olivier a rendu ce spectacle très rythmique, on dirait un morceau des Pixies, en deux minutes et quarante cinq secondes, on passe d’une mer calme, à un ouragan qui dévaste la plage puis retour du beau, tension à nouveau. Vanessa : « On a travaillé le son d’abord, comme un métronome, il fallait trouver un rythme, des tensions, des torsions. Quand on était trop mou, quand ils nous trouvaient pas assez engagés, il appliquait la méthode David Lynch pour créer une ambiance, nous réveiller. Il balançait à fond la musique du groupe Hardcore Gojira. »

Extrait du texte :

Ecoutez, je suis pas un bandit. Je lʼai ma carte 

Vous êtes président du syndicat des vigiles de grande surface. Que répondez-vous à ceux qui estiment un peu légère la réaction du vigile ? Ecoutez, soyons sérieux deux minutes, et arrêtons un peu la schizophrénie. Dʼun côté, il nous est reproché de faire du zèle. De lʼautre, on critique notre retenue… On marche sur la tête ! Nos concitoyens veulent être protégés, ils veulent se sentir en sécurité. Mais ils crient à la bavure au moindre usage de roulade arrière, ça nʼest plus gérable ! Je crois quʼil est temps dʼapaiser les esprits et laisser travailler nos vigiles en toute sécurité. 

Du calme, pose ce poireau et tout se passera bien 

Cʼest juste quʼelle est dans mon autre pantalon. 

Mais oui, du calme, pose ce poireau
Ne mʼoblige pas à faire une roulade arrière
Ne mʼapprochez pas.
Attention, il sʼenfuit. Roselyne, prévenez la direction. Il ne pourra pas aller bien loin
. »

2023 annonce la Cinquième saison. Le spectacle a déjà été joué environ 150 fois. Phil : Le plaisir, tous les matins. On voyage, partout en France. on s’entend très bien, c’est un travail chorale, c’est jubilatoire, on est un véritable clan, on se protège, on est toujours impatient de replonger dans ce texte, de repartir en tournée. A chaque fois c’est pareil et c’est pas pareil, on sait que l’on peut s’appuyer les uns sur les autres! ».

Fab (Séb) : est un héros, autour du tragique de cette situation complètement ubuesque. Parfois il est arrivé que les gens pleurent à la fin du spectacle, quand ils chantent la chanson de Joe Dassin. Il ya aussi beaucoup de rire dans le public. Ils comprennent l’idée, mais ils rigolent jaune, surtout pendant la crise du COVID, Passe sanitaire/carte du magasin c’était parfois émotionnellement très violent. Un jour une Dame est venu me voir à la fin du spectacle, merci pour ce spectacle politique, pour les messages. Une autre fois un vieux monsieur : « Je vous remercie de me montrer qu’il reste encore de l’humanité.« 

En tournée pas loin de chez vous……

Photo Fabien HECK –