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Anabelle Huvaut *– L’art c’est la bie* (Part 1)

Pas facile de trouver sa place dans une famille. Surtout quand le père un certain Joël Hubaut est l’un des plus grands artistes contemporains de sa génération et que depuis toute petite, il lui répète que  « chaque geste que nous faisons qu’on le sache ou non c’est de l’art » et qu’elle participe à des performances, que la vie de famille est intimement liée à l’art.

Hubaut Famili : Emmanuel, Amélie, Joël, Anabelle – Scène pour le Western Normand avec Olivier Lerch et Nouveau Mixage. Photo: Francine Cocq

Toujours plus de trucs à faire, toujours en retard sur une expo, la maison familiale est en chantier constamment avec les petites mains de l’ombre, la maman Amélie, extrêmement présente pour toutes les inventions du père, la petite main de l’artiste, un peu en retrait mais bien là.

Emmanuel et Anabelle – Performance 1979 – Epidemia par Joël Hubaut

Et puis il y a deux frères. Le premier Emmanuel, va consumer et bouleverser une certaine idée du rock en y intégrant un sens profond, une ambition d’apporter pendant les concerts Le théâtre de la cruauté pour reprendre les mots de Antonin Artaud. Sur scène, l’absurde, le foutraque, la mélancolie, la sensibilité exacerbée avec son groupe Les Tétines Noires. Et puis il y a Damien. Damien qui disparaît à trois ans d’une méningite foudroyante. Emmanuel a 9 ans. Anabelle 6 ans. Et pour Anabelle c’est le black out.

Emmanuel et Anabelle – 1991- Photo: Georges Hubaut

Anabelle est née à Coutances, ira en internat à Cherbourg. Son frère Emmanuel l’encouragera pour se présenter au rattrapage du bac (avec beaucoup beaucoup de points à rattraper…) qu’elle obtiendra (miracle) et c’est lui aussi qui déposera son dossier d’inscription aux Beaux-Arts de Paris!

La question aussi « qui je suis ? » car trop imprégnée du père elle doit trouver sa place et elle se dit à elle même « ce n’est pas moi.’

En 1996, elle rentre à l’école d’art de Cergy Pontoise L’écriture en parallèle est très présente dans sa vie et son travail. Même encore aujourd’hui. Elle dessine, coud, bidouille… et puis elle fait un stage à la galerie Agnès B à Paris. S’occupe des archives, devient assistante  « C’était passionnant et enrichissant mais je n’avais pas assez de temps pour mon travail artistique. Je me sentais oppressée, j’avais l’impression d’étouffer. » Fin 1998, elle démissionne « Je voulais repasser de l’autre côté.« 

Mais bien évidemment à la sortie  personne ne vient la chercher, il faut repartir de 0. Elle décide de partir au Canada, à Montréal pour le  festival vidéo Champ libre « c’était assez expérimental. »

Comme souvent dans la vie il y a des choix à faire ET elle qui se plaisait au Canada elle reçoit une réponse de Nantes, elle est pré-sélectionnée pour un post-diplôme à l’école des Beaux Arts. Elle sait qu’elle n’aura pas l’argent pour revenir. Elle s’est présentée avec tout ce qu’elle avait à sa disposition, tout mis dans une valise. Cette même valise qui devant le jury s’est ouverte d’un coup, s’éparpillant ici et là laissant penser à une performance (Jacques Tati n’est pas loin…) alors que c’était juste du stress…

Après l’attente tout un été, elle sera prise et une nouvelle vie peut commencer. Tout près de Nantes, sur les bords de l’Atlantique il y a St Nazaire. Et juste à côté ll y a Saint-Marc-sur-mer et sa plage où fut tourner Les vacances de monsieur Hulot du réalisateur Jacques Tati. Il y aune statue le représentant avec sa pipe….

Et dans sa tête le déclic. De Hubaut à Hulot, phonétiquement il y a une lettre à changer ! Naissance de son projet Prête-moi ton L et prend mon B. (2000-2001) Elle deviendra donc désormais Anabelle Hulaut. (à suivre…)

SZAMANKA / FABIEN HECK