BlogCinémaExpoMusique

Bertrand Fèvre, à l’ombre de Chet Baker

Chet Baker, Ostia Italy 1987, Bertrand Fèvre

Quand on entre dans la galerie Shadows à Arles on est tout de suite accueilli par le propriétaire des lieux, Bertrand Fèvre.  Son regard bleu azur est à la fois vif et chaleureux, aussi profond que l’outremer de sa chemise.

Sa galerie s’appelle « Shadows » comme le film de John Cassavetes qui parle de jazz. Et des ombres de jazzmen dans la vie de Bertrand Fèvre il y en a beaucoup. Pas seulement des ombres d’ailleurs, des rencontres décisives qui vont changer sa vie. Mais revenons au présent. 

En ce moment Bertrand Fèvre expose une quarantaine de tirages argentiques sur le thème du jazz et de Cuba. Outre son travail il expose aussi celui de Jacques Rouchon photographe des années 1940-1970 décédé en 1981, de la génération des photographes humanistes : Willy Ronis, Robert Doisneau…L’exposition s’intitule « Revoir Paris » et se compose de photographies noir et blanc prises dans les années 1950.

Gimnasio Rafael Treja, Habana Vieja Cuba 2019. Bertrand Fèvre
La mirada, Stones Habana 2017. Bertrand Fèvre

 A la question de savoir comment l’image est venue dans sa vie, Bertrand Fèvre rembobine avec nous la pellicule du souvenir en commençant par l’héritage familial.

Son père Georges Fèvre était tireur photo pour Henri Cartier-Bresson, Josef Koudelka, Robert Doisneau…Selon les mots de son fils « il sentait le fixateur ». Il était considéré «comme l’un des maîtres du tirage noir et blanc». Il a travaillé à partir de 1953 et pendant quarante ans pour un grand laboratoire parisien Pictorial Services devenu Picto et avec lequel Bertrand Fèvre travaille également aujourd’hui. Hormis la photographie humaniste son père a restitué avec ses tirages des univers aussi différents que ceux de Jean-Loup Sieff, Frank Horvat, Man Ray, Eugène Atget mais aussi Sebastiao Salgado ou Willy Ronis…Il a aussi travaillé pour la presse, pour la mode, pour des expositions…Georges Fèvre est devenu dès le milieu des années 1960 directeur du service noir et blanc chez Pictorial services. Ascension fulgurante pour quelqu’un qui au départ ne connaissait pas grand chose au tirage photo. Une autre époque…

Quand on demande à Bertrand Fèvre si un telle filiation n’est pas intimidante voire inhibante il répond que cela « la plus inspiré qu’écrasé ». Bertrand nous fait part de sa « fascination pour l’image » peut-être le point de départ de sa carrière. Mais ce qui l’attirait lui davantage que la photo c’est le cinéma. N’ayant pas de connexions dans ce milieu il a suivi la voie classique : école, expériences de terrain…Pour Bertrand arriver à faire du cinéma « était bien plus audacieux que de faire de la photo ».

Au début de sa carrière quand il avait une vingtaine d’années, Bertrand Fèvre travaillait dans la mode, il était designer à Paris et vendait ses créations à Paris et New-York. Ça marchait plutôt bien mais le milieu de la mode ne l’intéressait pas beaucoup. Il a donc décidé de se lancer dans la réalisation avec un premier court-métrage intitulé «Bleeding star» au casting ambitieux puisqu’on y trouve Samuel Fuller et Hugh Cornwell le chanteur des Stranglers

Pour mémoire rappelons que Samuel Fuller réalisateur américain (1911-1997) pendant la seconde Guerre mondiale a joué un rôle de témoin de premier plan. Mobilisé dans l’armée américaine il a notamment participé aux débarquements en Afrique du nord, en Sicile et en Normandie…Ainsi qu’à la libération d’un camp de concentration. Cette expérience de la guerre aussi longue qu’intense le marquera à jamais et il n’aura de cesse dans ses films de rendre compte de l’extrême violence de la condition humaine. Bertrand Fèvre se souvient du moment très fort où il comprend que Samuel Fuller accepte de jouer le rôle qu’il a prévu pour lui dans son court-métrage. Il a alors rendez-vous chez lui à Paris et quand Samuel Fuller apparaît il est vêtu comme le personnage de son film avec un costume blanc. Une forme tacite d’acceptation. «C’était un homme fascinant» nous dit Bertrand.

Avec ce premier court-métrage Bertrand a pris des risques notamment financiers et se retrouve sans le sou. Il va donc par la suite tourner des pubs et travailler comme second assistant réalisateur pour Luc Besson sur Le Grand Bleu

Mais c’est son film sur Chet Baker qui va vraiment infléchir le cours des choses pour Bertrand et pas seulement dans son travail. Il y a manifestement un avant et un après la rencontre avec Chet Baker, que Bertrand qualifie d’«incroyable». Pour comprendre l’importance qu’a Chet  Baker dans la vie de Bertrand il faut revenir à sa passion pour le jazz. Son père l’avait aussi un peu initié au jazz mais ils n’écoutaient pas la même chose, affaire de génération. Pour Georges c’est plutôt Duke Ellington, Count Basie, Benny Goodman, Louis Armstrong, Ella FitzgeraldBertrand lui est plutôt intéressé par les années 50 : Miles Davis

Chet Baker, New Morning 1987, Bertrand Fèvre

Mais la première fois qu’il entend un morceau de Chet Baker c’est à la radio sur FIP.  Il découvre alors une voix, un son, une trompette qu’il ne connaît pas et qui le happe immédiatement. Il parle de « coup de foudre inouï ». Il appelle donc la radio pour connaître le nom du musicien et n’en revient pas -lui qui est pourtant féru de jazz- d’être passé à côté de Chet Baker. Le morceau c’est «The touch of your lips». Il file alors au magasin de disques le plus proche de chez lui -le Lido musique– sur les Champs- Elysées et achète quatre ou cinq disques de Chet dont il trouve aussi «la gueule vachement intéressante» sur les pochettes. Il va le voir en concert au New Morning le 13 février 1987 équipé de son appareil photo et d’un magnétophone. Il nous confie que ça n’était pas dans ses habitudes de prendre son matériel pour assister à un concert mais que là «il avait pressenti que le moment serait inoubliable». Et en effet Bertrand est sidéré par ce qu’il découvre de Chet Baker : le concert mais aussi son univers et son allure. A la sortie il va le voir dans sa loge et il se présente à lui ainsi «I’m a young director and I have a production company called Full moon films» ce à quoi Chet Baker lui répond « It’s fullmoon tonight ». Ce dernier regarde alors Bertrand de haut en bas comme s’il le jaugeait, et l’invite aussitôt à partager un petit-déjeuner avec lui le lendemain. A partir de ce moment là ils ne se sont plus quittés. Pendant qu’il évoque Chet notre regard est attiré par les clichés qui le représentent derrière nous. Bertrand précise «C’était en Italie, quinze jours avant le tournage, je suis allé le voir, je lui ai apporté de l’argent , je lui ai apporté sa fiancée et j’ai défini avec lui la date et le morceau qu’on allait interpréter dans le film ». Quand on lui pose la question de sa relation à Chet, pour comprendre un peu mieux cette alchimie spéciale entre eux, Bertrand nous livre cette confidence : «Chet c’est vraiment particulier parce qu’il m’anime toujours. Comment le dire…quand j’ai découvert Chet Baker et tout au long de ce que j’ai pu entendre (j’ai quelques 200 CD chez moi que j’écoute régulièrement) j’ai eu le sentiment qu’il chantait la musique de mon coeur. Il donnait une grâce et une justesse à mes émotions qu’il harmonisait à travers sa propre musique. Chet c’était une révélation…à la limite il m’a révélé à moi-même avec beauté, avec une infinie sensibilité. Donc je lui dois énormément. Je sais qu’il a beaucoup aimé le filmBertrand Fèvre a tourné le film sur Chet en un jour. Chet’s romance dure dix minutes et a obtenu le César du documentaire en 1988. Bertrand se souvient du tournage comme d’une «merveille d’harmonie» entre tout le monde, les musiciens et l’équipe. Six mois après Chet Baker disparaissait brutalement. C’est avec une émotion contenue que Bertrand raconte que le 13 mai 1988 il est à Cannes pour présenter le film et attend l’arrivée de Chet. A ce moment précis il ne sait pas encore qu’il est mort. C’est sa mère présente ce jour là qui vient lui annoncer la nouvelle. On comprend très vite que Bertrand ne souhaite pas s‘étendre davantage sur cet épisode douloureux. Il l’évoquera seulement comme «un grand moment de solitude…heureux qu’il était d’offrir une vitrine à Chet, parce qu’il se définit lui-même, Bertrand, surtout comme un passeur. » Bertrand relate pour terminer cette anecdote autour de la mort de Chet Baker. A Cannes dans un article de l’Herald Tribune traitant de Chet’s romance, le titre était le suivant : « Chet Baker l’homme des vendredis 13 » en référence à la date du concert au New Morning scellant la rencontre entre Chet et Bertrand, et qui conduit à la consécration autour de leur film commun à Cannes ce 13 mai 1988. Ce qui rend l’anecdote saisissante, c’est que le journaliste ne sait pas lorsqu’il écrit ces lignes deux jours avant, que ce 13 mai 1988 marquera aussi le jour de la mort de Chet Baker. Involontaire et funeste prophétie…

Chet Baker, Ostia Italy, 1987, Bertrand Fèvre

 A l’hiver 2020 est prévue la sortie d’un livre intitulé  My romance with Chet édité à 4500 exemplaires par Jazz & Cie qui contient son film sur Chet ainsi que du texte, et un autre documentaire réalisé par Bertrand Fèvre sur William Claxton ( le photographe du jazz des années 50 ) intitulé Chet by Claxton. Le livre contient aussi un petit vinyle avec une version alternative de la chanson du film « I’m a fool to want you » ainsi qu’une interview inédite de Chet remontée par Bertrand.

Au mur de la galerie, Bertrand nous montre des photos de musiciens qui comptent pour lui même si c’est différent de sa relation avec Chet. Il y a en particulier Jimmy Scott. Après son documentaire sur Chet Baker, Bertrand envisage de faire une série sur tous les grands jazzmen contemporains des années 1987/1988. D’autant que depuis Chet’s romance il est très courtisé. Nombre d’artistes veulent être filmés par Bertrand avec la même sincérité, la même intensité. Pour autant Bertrand n’accepte pas toutes les sollicitations, il faut que cela corresponde à sa sensibilité, sorte d’éthique personnelle artistique. Cela ne peut se réduire à un simple travail de commande. Nous y reviendrons. Pour les jazzmen il pense à Stan Getz, Dizzy Gillespie, Michel Petrucciani, Ella Fitzgerald. Le premier qu’il rencontre est Miles Davis qu’il va voir à Paris et chez lui à New-York. Des photos ici dans la galerie témoignent de ces passages. On y voit un Miles Davis différent, au repos, casque sur les oreilles, le regard pensif, apaisé, songeur, loin de l’intensité électrique qui vibre lors des clichés que l’on voit de lui en train de jouer. Comme s’il avait été saisi dans son intimité, dans un bref moment d’abandon. Lors de leurs premiers échanges Miles Davis attaque en disant « Je ne suis pas le genre de musicien à jouer My funny Valentine toute ma vie…» manière de se placer certainement vis à vis de Chet Baker. Bertrand un peu blessé n’en montre rien. Mais il réussira néanmoins à convaincre Miles Davis de l’enregistrer en studio et en acoustique. Pour arriver à ses fins Bertrand a changé son approche. Peut-être en grand amateur de boxe qu’il est sait-il qu’il faut parfois se déporter pour surprendre, et obtenir ce que l’on souhaite. Même si bien sûr la métaphore s’arrête là, l’idée n’étant pas de mettre Miles Davis KO! Il sait que Miles Davis peint alors il lui propose de le filmer en train de peindre, un peu à la manière de Henri Georges-Clouzot avec Le mystère Picasso. Tout en accompagnant la progression du travail pictural de Miles Davis il filmerait aussi l’enregistrement de « My funny Valentine » en studio à Los Angeles. Miles Davis est séduit par cet angle d’approche, heureux qu’on s’intéresse à son autre passion : la peinture. Il accepte. Mais le sort ou les Parques qui dans la mythologie romaine président aux destinées humaines vont en décider autrement. L’imprésario de Miles Davis demande beaucoup d’argent. Cela va tout ralentir et oblige à reporter le tournage. Entre temps Miles Davis meurt. En cinq ans tous ces grands noms du jazz s’éteignent les uns après les autres. Bertrand nous confie avec pudeur  « quand Miles est tombé, j’ai renoncé au projet « . Même si on ne veut pas croire à la fatalité, elle peut aussi nous rattraper. Les Parques font…et défont.

Miles Davis, Paris 1990, Bertrand Fèvre

Mais ce n’est pas pour autant fini pour Bertrand puisque des musiciens d’importance vont croiser volontairement sa route et souhaiter être filmés par lui. Il y aura Etienne Daho, Ray Charles, Barbara…pour ne citer qu’eux.

Etienne Daho d’abord pour « Tant pis pour l’Idaho ». C’est donc en voyant le travail de Bertrand sur Chet que Daho le contacte. Il souhaite être filmé de cette façon. Evoquant leur collaboration Bertrand parle de belle connivence. Il se remémore avec joie la reprise imprévue de «The shadow of your smile» par Etienne Daho avec deux musiciens « recrutés sauvagement la veille » et comment ce dernier « s’est lâché » sur le morceau de jazz. Trente ans après Bertrand cite de mémoire l’extrait de « Demande à la poussière de John Fante où l’on voit Etienne Daho sur les rails, le livre à la main. « Tu m’embrasses pas pour dire au revoir ?Pas comme çaJe l’ai embrassée. Elle m’a passé les bras autour du cou. Elle m’a tiré la tête à elle et m’a enfoncé ses dents dans la lèvre inférieure. Je me suis débattu pour me dégager parce que ça faisait mal…». 

Bertrand Fèvre parle d’Etienne Daho avec beaucoup de respect et de tendresse pour l’homme et l’artiste qu’il est. Bertrand garde aussi en mémoire le souvenir fort du tournage du clip de la chanson d’Etienne Daho « Le grand sommeil ». Il nous dit également à son sujet qu’il est fidèle, que c’est un homme de valeur, qu’il est élégant au sens moral du terme. Et l’on sait que ça compte pour Bertrand, que cela constitue la nature de ses relations avec ceux ou celles qui lui sont proches. Bertrand Fèvre et Etienne Daho ont cela en commun d’être des passeurs, de remettre dans la lumière et de restituer leur juste place à ceux qu’on a trop vite oubliés ou laissés sur le bord de la route. Bertrand a l’art aussi de tisser entre les êtres qui l’entourent et qui comptent des filiations musicales et amicales durables.

Au sujet de la filiation, quand on lui pose la question du regard de Georges son père sur son travail, Bertrand nous confie que celui-ci était fier de lui. Qu’il a découvert Chet Baker grâce au documentaire de son fils, qu’il a aimé celui sur Ray Charles. Nulle compétition entre les deux hommes mais du respect mutuel, un amour partagé pour l’image et le jazz. Comme quoi la transmission peut-être aussi ascendante et pas seulement descendante. Père et fils nous en donnent ici un précieux exemple.

Point de vue technique, la question est vite balayée. Pour Bertrand il faut l’acquérir pour s’en affranchir, pour l’oublier dés qu’on a l’oeil dans le viseur. Ce qui compte c’est le point de vue. Selon lui le cadrage est lié à la culture d’image et à une esthétique personnelle. A vrai dire il ne se pose pas la question du cadrage, ne réfléchit pas en ces termes : « La technique on l’oublie quand on commence à pratiquer, c’est comme en musique. ». Quand il prend une photo c’est instinctif, sur l’instant, c’est plus libre. Il cite Cartier-Bresson « Pour prendre une bonne photo il faut viser avec son oeil, avec son coeur et avec sa tête ». Le cinéma, lui, impose un temps, le recrée. Mais que se soit quand il prend une photo où quand il filme pour Bertrand cela revient au même « Je me pose le moins de questions possibles, je fais ». 

 Enfin vient le moment où Bertrand évoque sa rencontre avec Barbara. Un fois encore il est approché par le manager de l’artiste Mick Lanaro qui voudrait que Bertrand réalise comme pour Chet un film avec le même sentiment, la même émotion. Quand il est contacté Bertrand nous avoue qu’il connaît très peu Barbara, quelques standards comme tout le monde, l’Aigle noir. Il est invité à Mogador où elle se produit pour deux mois-deux mois et demi pour la voir chanter. Dans la salle un certain Etienne D. est présent aussi comme spectateur…Bertrand est littéralement saisi par la performance de Barbara et la ferveur des spectateurs. Il parle d’expérience quasiment religieuse pour qualifier la dévotion d’un public qui reste dans la salle une heure après le départ de la longue dame brune, pour chanter encore et prolonger la magie.

Barbara, Mogador, 1990, Bertrand Fèvre

Après le concert il ose aller la voir dans sa loge, il dit « qu’elle habitait les lieux : elle apportait ses meubles, ses valises, elle s’installait véritablement à chaque endroit de concert ». Il est entré dans sa loge, ils se sont regardés, il s’est présenté. Devant la timidité d’un Bertrand encore sous le choc du concert, elle lui adresse, amusée un très encourageant « Voyons nous demain Bertrand ». Barbara a dit par la suite qu’elle avait su dès la première seconde, au premier échange de regards qu’elle accorderait sa confiance à Bertrand pour qu’il réalise son premier clip. Qu’elle saurait immédiatement s’il en était digne ou non. Ce n’est pas rien…

Le lendemain Bertrand fait une série de photos d’elle en scène depuis les coulisses. Et tournera son clip Gauguin hommage à Jacques Brel, chanson inédite que l’on trouve sur le live de Mogador. Bertrand nous confiera  « qu’elle était très envoûtante et qu’avec bonheur il s’est laissé ensorcelé. »

 A la fin Bertrand nous fera dépositaire d’une ultime et précieuse confidence. Nous avions déjà compris, au fil de nos échanges, que les quatre artistes qui sont très importants pour lui sont Chet Baker, Samuel Fuller, Barbara et Etienne Daho.  Mais là où cela devient extrêmement émouvant c’est lorsqu’il confie que c’est encore le cas maintenant au point que lorsqu’il réalise quelque chose, quoi que se soit, un nouveau projet, il se demande toujours « si ce qu’il fait serait assez bien pour eux, si Chet, Samuel, Barbara et Etienne seraient satisfaits. ». Bertrand est de ces personnes rares qui entretiennent la fidélité et la loyauté à ceux qu’ils aiment et qui lui ont tant apporté par delà la mort et le passage du temps. C’est peut-être en raison de cette loyauté sans faille que ses chers disparus, des années voire des décennies plus tard, lui réservent des surprises incroyables, cadeaux posthumes inespérés.  Ainsi Bertrand nous raconte que lorsqu’il a pris en photo Barbara il y a trente ans à Mogador, il a découvert sur le moment avec effroi que ses négatifs étaient inutilisables. Il les a conservés néanmoins et il y a très peu de temps a eu l’idée de les scanner. Et là ô miracle ils se sont révélés…Barbara qui était infiniment joueuse, surtout avec ceux qu’elle adorait, aura peut-être joué à Bertrand un sacré tout de passe-passe…Et comme ces photos étaient dans son atelier mais  qu’elles n’étaient pas exposées, avant de partir nous n’avons pas résisté à la curiosité de fan de voir ces fameux clichés. Et là comme dans un long plan séquence qui ferait durer le suspense, parmi quatre boîtes Bertrand en ouvre une première et dit « ce n’est pas celle-là », idem pour la seconde,  puis pour la troisième. Et à la quatrième boîte, au moment où l’on se dit qu’il faut peut-être renoncer à les voir, qu’ils ne sont pas ici finalement, un autre miracle s’accomplit…Les photos apparaissent enfin devant nous et là quel choc…

Mais nous n’en dirons pas plus pour ne pas rompre la magie de cet instant suspendu. Qui a dit que la réalité dépassait la fiction? Je ne m’en souviens pas, mais ce dont je suis sûre ce jour là en rencontrant Bertrand Fèvre à la galerie Shadows c’est d’avoir vécu un moment rare.

Marie Frétillière

Pour contacter Bertrand Fèvre

Galerie Shadows

16 bis rue du Grand-Prieuré
13200 Arles

contact
Bertrand Fèvre
+33 (0) 6 62 34 85 85 

mail
galerieshadows@gmail.com

site
galerieshadows.com

instagram
galerieshadows

facebook
galerieshadows

La Galerie SHADOWS a été créée en 2019, située dans le centre historique d’Arles près des quais du Rhône, elle présente des œuvres d’artistes photographes nationaux et internationaux et de façon permanente le travail du photographe, cinéaste et galeriste Bertrand Fèvre.
L’humain et la qualité artistique sont placés au cœur de l’esprit de la galerie Shadows.

Une réflexion au sujet de « Bertrand Fèvre, à l’ombre de Chet Baker »

  1. Ca donne envie d’écouter et (re-) découvrir ces artistes. Très bel article sur l’homme et ses sujets

Les commentaires sont fermés.