What you see isn’t real / In your head / I’m there with you / Eyes wander where I / In your head / Used to sit / I bleed for you / Eyes wander where I / Look closer / Then and now / I’m a shadow now, I’m a shadow now // SHADOW
Ce serait comme une image ou une sensation fugace. Une forme indéfinie qui hante nos jours et nos nuits. Qui ne vous lâche plus. Comme la période de confinement que nous venons de traverser. L’enfermement. Une étrangeté. Inconfortable et inconnue. C’est le projet de Run with the wolves avec son premier album Whispers.
Lopart, le leader du groupe, a créé Run with the wolves comme une critique de la société où il faut marcher avec tout le monde « Sinon tu es exclu de la meute. Dès que je faisais un écart dans différentes activités professionnelles, je me faisais taper sur les doigts. J’ai construit ce projet en réaction à ce monde brutal, qui broie ta personnalité. »
En Angleterre en 2012 Lopart passe une annonce pour trouver une chanteuse dans l’équivalent du bon coin français Gumtree. Miranda la chanteuse du groupe se souvient : « Je vivais avec une colocataire et elle partait pour trois semaines. Nous fêtions son départ, il y avait beaucoup d’alcool et de cigarettes. Au petit matin j’ai regardé Gumtree. Lopart cherchait une chanteuse, il y avait un lien sur Bandcamp, deux instrumentaux. Ainsi j’ai pu écouter Shadows et j’ai juste fait Waouh !!!! Et instantanément dans ma tête j’ai entendu les paroles. alors j’ai pris mon iPhone et j’ai chanté sur la musique. Et je lui ai envoyé. Mais je n’étais sûre de rien, je trouvais ma voix horrible, trop imprégnée de mes excès de la vieille. »
Lopart a commencé le sax à 11 ans, puis a joué de différents instruments. Plus tard il fait une fac de musique à Rennes. Il joue alors dans plusieurs groupes, puis vient ce projet perso. Il loue une maison pendant une semaine avec tout son matériel. On en revient à l’enfermement. Il compose plein de petits morceaux de 20 secondes et ensuite il élabore.
L’album Whispers est un croisement hybride entre Massive Attack, Garbage et Nine Inch Nails.
Il s’est passé du temps entre la rencontre avec Miranda et l’enregistrement de l’album. Miranda habite Londres, Lopart Rennes. Il s’est forcément posé la question des live et donc des disponibilités. Ca pouvait être compliqué. Mais pour Lopart impossible de se passer de sa voix. « La voix de Miranda colle parfaitement à mon univers. Elle écoute une chanson et direct son timbre de voix colle à la mélodie. Adéquation totale.”
La voix de Miranda est phénoménale. Sa texture puise dans le velours mais peut se frotter à des tonalités plus rocailleuses. Il faut être attentif aux subtiles variations pour saisir l’immensité de sa voix. Passer par des styles musicaux différents a dû parfaire sa formation.
“Je ne lui indique rien ou parfois des idées, des thèmes sur des textes. Pour No tomorrow je voulais quelque chose de plus agressif, de plus critique, sur ce que l’homme fait subir à la nature. Cette machine capitaliste qu’il a créée et qui détruit tout autour de lui. » Et musicalement ce morceau vous emmène très loin. Dans des endroits que votre cerveau n’a pas encore identifiés. On pense à David Bowie qui clôt le film de David Lynch Lost highway avec le génial I’m deranged. Mais No tomorrow va encore plus loin.
Lopart a un regard critique sur la société, un peu réactionnaire. Miranda elle, est plus sur le terrain de la psychologie. Comme pour la chanson Three : différentes personnalités dans une seule personne…
Soft, so softly I tell you your heart is only meant for me / And that you completed me in so many ways / As I kiss you on your neck, neck yeah / Weird so weird you see me smiling right at the door / You’re saying what’s that for / I know somethings coming over me / So cold and me so strange so strange / That’s when you saw him creeping round the back of your door. THREE
La troisième pièce de ce projet est le producteur du studio Near Deaf Experience. Guitariste génial, physique à la Wolverine, échappé d’un Marvel Comics, Eric Cervera. Il officiait il n’y a pas si longtemps avec Hoa Queen qui a fait sensation au Binic Festival avec ses balades meutrières à la Nick Cave… Il produit actuellement aussi un album de reprises autour du regretté Leonard Cohen, dont Run With The Wolves en fera parti. on a hâte d’écouter le résultat!
C’est Chinaski, un designer inventif, qui déstructure les visages à la manière de Françis Bacon qui s’occupe des photos et du visuel du groupe.
Lopart est aussi tatoueur. Cette activité est arrivée par hasard. Ça fait cinq ans désormais. Son univers n’est plus celui du trip-hop sombre et inquiétant. Il plonge dans l’univers du Rockabilly. Il pratique le tatouage « old school » mais cherche une expression moins conventionnelle, plus psychédélique. Miranda elle, n’a qu’un petit tatouage. Et c’est un dragon…
SZAMANKA