Cinéma

ALLEZ AU CINEMA / AVEC JEREMIE PELTIER !

Au hasard d’une recherche concernant les sorties des films en salles – un projet professionnel personnel auquel je songe depuis plusieurs années, revu et corrigé hélas par la situationactuelle à laquelle le cinéma (comme d’autres secteurs culturels) se doit de faire face – je suis tombé à plusieurs reprises sur des textes signés Jérémie Peltier.

Il s’agit notamment de deux articles parus dans «Le Figaro», consultables normalement gratuitement sur le net : par ordre d’apparition sur mon l’écran donc, tout d’abord La culture du « monde d’après » devra répondre à deux désirs : l’intensité et l’authenticité ; et plus encore, parcouru à plusieurs reprises pour ce qui m’occupe plus personnellement : Aller au cinéma doit redevenir un temps de fête dans la vie des français … C’est surtout sur ce secondtexte que je voudrais revenir, en en livrant cependant le moins possible sur ses comparaisons fécondes (entre cuisine et cinéma, par exemple), sa subtile ironie parfois, pour ne rien dire de son grand sens de la formule…

Jérémie Peltier y reprend toutes les composantes qui affectent la situation, assez catastrophique il faut bien le dire, du cinéma distribué en salles depuis leur réouverture le 22juin dernier. Mais c’est peut-être l’une des rares voix à aller plus loin qu’une simpleénumération des causes et effets engendrés, en creusant ce qui se dessine et en établissant des liens entre ces différents éléments, et leur aspect par trop (in)attendu.

Car par rapport à la « société qui vient », le cinéma, vu comme consommé en salles – tout comme les autres expressions artistiques – a bien évidemment un rôle à jouer. Et cette fonction que Peltier lui assigne, Jean-Michel Frodon n’avait sans doute pas fait que l’entrevoir dans « Horizon Cinéma » : petit livre très stimulant où le directeur des « Cahiers du cinéma »d’alors interrogeait il y a 15 ans déjà, la place du cinéma comme Art dans le monde contemporain, à l’heure du numérique et de la mondialisation…

Alors, oui, merci Jérémie Peltier de reprendre le flambeau et le bâton de pèlerin pourpoursuivre et amplifier cette réflexion à l’heure désormais en sus… du coronavirus ! Car oui,le simple fait de se rendre dans une salle aujourd’hui, y compris pour changer de programme en dernière minute (ah, sérendipité, reine véritable de mes sorties!) nous fait clairementretrouver l’usage de nos vies, en usant de notre pure et simple liberté « individuelle » (laquelle est en train depuis un moment de prendre de sacrés coups derrière la casquette).

Car bien évidemment, en allant aujourd’hui au cinéma, que ce soit avec le désir ou la peur au ventre, voire pourquoi pas un mélange des deux, on s’engage dans une vision de société : celle peut-être bien de notre futur qui nous attend demain – face à une autre conception sociétale que l’on ne cesse de vouloir nous imposer (qui table elle par contre sur le présent pur, la satisfaction immédiate, pour peu qu’en tant que simple numéro, on continue à bien payer la totalité de ses forfaits à la fin de chaque mois)…

Et merci aussi enfin Jérémie Peltier pour sa non moins éclairante conclusion, qui devrait nous empêcher – une bonne fois pour toutes ? – d’avoir le nez complètement dans le guidon : car si l’on se réfère à la fameuse « pollution cachée » engendrée par le numérique et ses (nombreux) usages, pour peu que dans ce « monde d’après » – qui tarde à nous montrer le bout de son nez – nous soit demandé d’en réduire tout simplement la voilure, on sera bien content d’avoirtoujours alors le cinéma en « ami », pour peu qu’on puisse encore effectivement « le visiter en salles » !

LAURENT BOSSU