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ETIENNE RACINE – MAGMA EN FUSION

« Tous les visages que je regarde me semblent cacher, et parfois furtivement révéler, le mystère d’un être. Plus tard , capturer cette révélation devint le but et la passion de ma vie. Je suis devenu un collectionneur, je collectionne des reflets d’intériorité. » Philippe Halsman

Découvrir le photographe Etienne Racine, c’est rencontrer un torrent. Un torrent d’images, de mots, de vie. Difficile d’imaginer que l’enfant était bègue. Né à Montréal, il a du inventer un monde, son monde dans un espace qui allait s’ouvrir mais bien plus tard. Il terrassera ce bégaiement seulement à l’âge de 23-24 ans lors de la naissance de sa fille. Il fera alors un effort colossal, avec l’étude du verbe et de la rédaction. Dépasser le souvenir traumatisant de l’école, des punitions. « J’avais aussi un déficit d’attention des adultes qui m’entouraient. »

Ayant arrêté le cycle scolaire tôt, il s’est exprimé en dehors, dans les rues, sur les murs. Il trouve alors son propre langage faisant un pied de nez à l’étranglement des mots à l’intérieur de lui. Ce qui ne veut pas sortir de sa bouche en harmonie adviendra par le corps et l’arrachera à cette vieille angoisse d’enfant et d’adolescent .

Le graffiti, les tags, les collages, exemple : Nous sommes en 1992, à deux pas de la place de la République à Paris, James Brown, va donner un concert pour la fête de la musique. Derrière lui, un immeuble détruit laisse alors apparaître la création d’Etienne Racine sur 6 mètres de long…

C’est aussi par la musique et la découverte des raves, allant à toutes les soirées, qu’en tant qu’ethnologue il rédigera un ouvrage de référence sur l’univers de la Techno. Il écrira aussi des articles dans les journaux, à Libération, Le Monde…et interviendra lors d’émissions spécialisées (radio, télévision).

Même si la mutation l’a conduit sur d’autres territoires, en 2013, il lâche tout et part à Vancouver pendant un an. « Quand tu changes tes mots, tu changes ton monde. » Son père lui a offert pour ses onze ans un appareil photo, un Yashika, argentique. « La photographie permet de revenir à un langage beaucoup plus émotionnel. J’avais exploré l’intellect, la pensée, il me fallait revenir à quelque chose de plus instinctif. J’étais alors dans un bégaiement existentiel. « 

Il partira dans neuf pays différents, l’Inde, Le brésil, la Thaïlande, En Andalousie …Il dit « c’est la rue qui m’apporte des idées. Je pars toujours seul, et puis je saute et on verra bien…Je me mets en état pour accueillir tous les cadeaux du monde. Pour réussir une photo il faut l’accord d’une intention et un hasard favorable. Je suis un récepteur, et j’ai une capacité à vibrer, en harmonie avec le monde…« 

La rue reste son domaine. Il est très présent dans celles d’Arles, sur des murs. C’est une manière de se montrer, d’exister, de communiquer, toujours.

« Quand je colle mes photos, je les redécouvre. Par exemple en déroulant les lais de 8 mètres sur 5 je tripe. D’un seul coup on est au cinéma. Ça change des images que je vends principalement dans la galerie ( 20 centimètres/30). Quand l’image est petite, l’oeil se déplace même pas c’est l’esprit qui se déplace. Quand l’image est plus grande c’est le corps qui se déplace, il y a un rapport physique. « 

« Je suis un extraverti, je me nourris d’énergie positive lorsque je suis exposé à des interactions« .

Venez vibrer à son atelier et sur les murs de la ville : Du 1er juillet au 27 septembre 2021

17 rue du Cloître (13200, Arles, France)

Fabien Heck / SZAMANKA