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KATEL – LA VIE LUMINEUSE

« Quand une idée vous arrive, vous la voyez, vous l’entendez, vous le savez. C’est un formidable cadeau. Si vous attrapez une idée que vous aimez énormément alors votre journée va être magnifique. Vous écrivez cette idée pour ne pas l’oublier. Il y a ce fragment. C’est comme un petit poisson brillant qui va grandir de plus en plus. Comme un puzzle volant dans une pièce, vous attrapez les morceaux, vous regroupez le tout. Et maintenant vous faites advenir les sensations de votre intuition qui vous avait mis la tête en feu. » 

David Lynch

L’été était beau, loin encore de la rentrée avec ses contingences sanitaires. Le monde n’existait plus ou alors sur une petite superficie. A Vic la Gardiole, à la Ferme Marine des Aresquiers SuperBravo venait de donner son troisième concert après la libération du déplacement et dans le public une certaine Katel.

Katel est l’une des trois créatrices du Label Fraca !!! avec Robi et Emilie Marsh, mais elle est aussi productrice, compositrice et chanteuse. 

C’est Cheval fou du groupe SuperBravo qui m’avait expliqué le processus de création de Sentinelle leur dernier album. Le groupe avait été signé sur le label Fracas !!! et un premier 45 tours était né Rickenbacker, que l’on allait retrouver sur l’album. C’est Katel qui avait produit ce 45 tours et tout l‘album qui allait venir. Katel les avait découvert sur une compilation pour le second album L’angle vivant. L’album sonnait très Young Marble Giants, un certain positionnement lo-fi. Elle avait perçu quelque chose. Elle les avait ensuite vu sur scène : « un groupe d’une puissance, ouvertement pop. En live c’était très généreux, très ouvert, si je les avais pas vu sur scène quelque chose m’aurait échappé ». Elle a perçu leur côté un peu Rita Mitsouko. Fulgurances sur scène. Donc saisir cette même sensation en studio tout en gardant l’émotion des chansons intimes.

Tout d’abord ne pas se lancer dans un long processus, mais des sessions courtes, une séparation puis des retrouvailles. Mettre de l’air entre les choses. Pas le temps de scléroser.

Elle propose une autre ouverture de leur monde pour que la connexion se fasse avec l’extérieur. Montrer le côté lumineux, abandonner le côté un peu obscur, underground et l’emmener vers une interface moins cérébrale plus physique. « En studio le groupe apportait trois morceaux que je ne connaissais pas. Etre dans l’étonnement. J’écoute, ensuite construction de la programmation rythmique. Je voulais sur certains morceaux que ça soit ultra dansant comme Ici-bas, faire un album clairement plus groove. Conserver l’ossature de l’album précédent et le modeler avec une matière plus charnelle.» 

Et l’album Sentinelle est une réussite absolue. Un certain savoir faire, une approche qui n’appartient qu’à elle. 

Elle ne se voyait pas devenir une super instrumentiste. Pas son truc. Elle a des visions et entend des choses. Elle est le liant, l’architecte, la chimiste, le savant fou. Elle intègre l’aspect, la psychologie d’un groupe, d’une artiste et cherche le meilleur processus de construction, de création. 

Elle a produit l’album de Maissiat : « Elle m’avait fait écouter 20 morceaux, avec plein d’arrangements. Quand j’ai entendu Le départ tout de suite, j’ai ressenti qu’il fallait qu’elle le joue sur un piano droit. » Version épurée qui dévaste le cœur. Tout le génie de Katel

Elle a produit aussi Robi, Angèle Osinski… Elle a un rapport à la musique particulier, elle s’intéresse à la plastique sonore. « Rechercher le son de l’âme de la musique, faire accoucher de ce moment, de l’endroit où les artistes pressentent qu’il y a quelque chose et moi je les amène un peu plus loin, à s’abandonner… »

Son sésame, celle qui un jour, au bout d’un quart d’heure, lui tend les clés de son studio c’est Edith Fambuena. Tout d’abord dans les Max valentins, puis Les valentins. Musicienne pour Etienne Daho (son sésame à elle), puis pour tant d’autres (Brigitte Fontaine…) et surtout productrice pour La grande Sophie, pour Bashung et bien évidemment avec Etienne Daho pour l’album Paris ailleurs. C’est là que tout a commencé. 

Dans le milieu peu de femmes…Il y a quand même Bénédicte Schmitt avec son Labomatic StudiosPascale Le Berre (ancienne clavier et compositrice de Marc Seberg)…seulement 5% de femmes productrices à travers le monde. Plus tard elle construit son studio d’enregistrement avec la batteuse Tatiana Mladenovitch, musicienne pour Bertrand Belin.

Le quatrième album qui fera suite à Elégie est en cours de réalisation. Commencé pendant le confinement. “J’étais vraiment seule pendant un mois. Quinze jours de sidération, de retrait, de lectures, ensuite j’ai écrit 10 titres d’un coup en autarcie. Je ne voulais pas tomber dans le savoir faire. Cet album n’aura pas la couleur du précédent. je suis dans l’attente, heureuse d’accueillir des musiciens qui m’ont contactée alors que je ne les avait jamais rencontrés.”

Pour l’instant ce nouvel album porte un nom mystérieux. Elle se veut désormais dépossédée du rapport au sens. L’album est au ¾ enregistré. Pour la première fois elle a écrit un morceau qui se danse, très accessible et drôle, c’est nouveau et cela la met en joie. Avancer et continuer à explorer. Elle rêve de créer son Revolver  à elle, l’album mythique des Beatles. Une forme éclatée mais qui tiendrait par une constellation de fils sonores.

Évolution sans doute personnelle, comme les différentes coupes de cheveux qui ont jalonné son existence. De son style. De qui elle était et de celle qu’elle est devenue…

On se dit qu’elle est exactement là où elle doit être, dans sa vie intime et professionnelle. Et c’est beau à voir un être lumineux et heureux.

L’album n’étant pas complètement terminé, vous pouvez participer en l’accompagnant grâce à Ulule. L’argent permettra l’enregistrement de cuivres et de cordes. Vous aurez l’impression de vous fondre dans cette création en y apportant votre soutien. Et par les temps qui courent être ensemble ce n’est pas rien.

SZAMANKA

https://fr.ulule.com/katel-nouvel-album/