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LAURENT BOSSU – MON DRÔLE D’ETE AU CINEMA (épisode 4)

L’HEURE DE LA RECRE : L’AUTRE « BLOCKBUSTER », ECLIPSE PAR TENET ! (Episode 4)

Spycies de Guillaume Ivernel n’a pas eu beaucoup de chance : ce dessin animé, mélange de comédie animalière et de film d’espionnage, est sorti le même jour que le dernier film de Christopher Nolan… 

Sorti donc hélas le même mercredi que Tenet, Spycies n’a cependant pas à faire pâle figure devant le dernier Nolan, attendu alors presque partout comme le messie et écrasant tout sur son passage, à grands coups de « quadruple » programmation dans certains gros complexes, mesures sanitaires « of course » oblige… 

Car même si cette production très sympathique, destinée en priorité au jeune public, n’aura pas réussi elle non plus à résister à cette véritable déferlante, Spycies aurait tout aussi bien pu lui aussi jouer dans la cour des grands. Mais on n’est pas sans avoir remarqué comment la plus grosse partie des films d’animations – sorti du pré carré Disney, Pixar and co – se trouvent distribués en France, et ce souvent dès leur seconde semaine d’exploitation : quasiment bannis déjà de toute séance en soirée, lorsqu’ils ne sont pas purement et simplement relégués au mercredi après-midi et week-ends… Bref, pour la plus grosse part des anim’ sortant en salles, c’est « couvre-feu » dès la deuxième semaine, et depuis déjà fort longtemps ! 

Spycies, production chinoise à l’origine, avait pourtant eu la bonne idée de venir débaucher Guillaume Ivernel – l’un des auteurs de Chasseurs de dragons, animation de 2008 très prometteuse – pour diriger les manettes de ce joyeux barnum, serti d’un petit message écolo en bandoulière.

Juste après une scène d’ouverture aussi pétaradante qu’assommante, l’on est vite convié à reprendre sa respiration en faisant plus sereinement la connaissance d’un joyeux bestiaire (et quel bestiaire !) au sein duquel l’imagination tout d’abord, les moyens ensuite, n’auront décidément pas manqué ! C’est que Spycies possède bien, lui aussi, tous les ingrédients supposés d’un bon « blockbuster » : de l’action, un rythme fou, et même un/du spectaculaire en-veux-tu, en-voilà, qui peut basculer au détour de plus d’un plan dans le pur merveilleux ! 

Alors espérons déjà juste que pour « renflouer » son relatif échec en salles, cette coprod n’atterrira pas sur la plateforme des oncles Picsou, dont le but très clairement affirmé est bien actuellement, de confinement en confinement, de s’en mettre plein les bourses $ $ $  

Spycies  pourrait d’ailleurs ne pas avoir ce destin, esquissant peut-être bien ce qui ressemble à une sorte de nouvel ordre mondial cinématographique : comme coproduction franco-chinoise particulièrement colorée, et mariage de la carpe et du lapin étrangement réussi.

 Car ce que l’on retiendra surtout de ces derniers mois sur le plan économique, bien moins que l’augmentation en part de marché du cinéma français en salles (+ 13%, Cocorico ! vraiment ? ? ), c’est davantage cette Chine qui était tant à plaindre au tout début de cette année (salles fermées ; industrie (re)naissante stoppée net) : un pays qui produit désormais ses propres « blockbusters » et qui vient de coiffer récemment l’Amérique tout en haut du box-office mondial. Autrement dit, à force de reporter sans arrêt Mourir peut attendre aux calendes grecques, si Spycies n’avait pas subi de plein fouet la concurrence de Tenet, et avait été lancé en salles autrement qu’une simple animation, il aurait très bien pu tailler un costard à James Bond, qui commence à se faire terriblement désirer !